Konjac (Amorphophallus konjac) et glucomannane : revue des essais cliniques humains
Le glucomannane du konjac est une fibre soluble très visqueuse étudiée pour ses effets sur le poids, les lipides et la glycémie, ainsi que sur le transit intestinal et le microbiote. Ci-dessous, nous résumons les principaux essais cliniques par domaine :
✔ Perte de poids et régulation de l’appétit
- Études sur l’appétit : Dans une étude croisée chez 16 sujets sains, Au-Yeung et al. (2018) ont remplacé une partie d’un repas riche en amidon par des nouilles très riches en konjac (0 %, 50 % ou 100 % de glucomannane).
Les résultats : les repas 50 % et 100 % konjac ont entraîné une forte réduction de l’apport énergétique dans la prise de repas suivante (–23 % et –47 % d’énergie consommée) par rapport au repas témoin pubmed.ncbi.nlm.nih.gov.
Cela indique que les fibres de konjac peuvent augmenter la satiété et diminuer l’appétit.
(Remarque : les sensations de faim/pleinitude étaient paradoxalement moins bonnes pour le repas 100 % KGM, mais la consommation totale fut largement moindre.)
- Méta-analyses (adultes) : Onakpoya et al. (2014) ont analysé 8 essais (≈418 sujets) et trouvé aucune perte de poids significative avec le glucomannane (différence moyenne ~–0,22 kg, p>0,05 vs placebo) pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Les auteurs concluent que les preuves disponibles ne soutiennent pas une action amaigrissante.
- Essais randomisés (adultes) : Par exemple, Keithley et al. (2013) ont soumis 53 adultes (IMC 25–35) à 8 semaines de glucomannane (1,33 g avant chaque repas, ≈4 g/j) ou placebo. Le résultat : pas de différence de perte de poids (–0,40 kg vs –0,43 kg) ni de modification de l’appétit pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Les paramètres de satiété, de composition corporelle et de métabolisme (lipides, glucose) sont restés comparables aux témoins.
- Enfants et adolescents : Un essai chez 96 enfants/adolescents obèses (3 g/j pendant 12 semaines, conseils diététiques identiques) n’a pas montré d’effet sur l’IMC ou la perte de poids (variation du z-score de l’IMC ~0 dans les deux groupes) pubmed.ncbi.nlm.nih.gov.
Conclusion : Dans l’ensemble, les preuves cliniques sont neutres ou négatives sur la perte de poids proprement dite : les méta-analyses et essais randomisés montrent aucune perte de poids significative sous glucomannane pubmed.ncbi.nlm.nih.govpubmed.ncbi.nlm.nih.gov.
Seules des études alimentaires contrôlées indiquent une diminution de l’apport calorique via une plus grande satiété pubmed.ncbi.nlm.nih.gov.
✔ Cholestérol et triglycérides
- Réduction du LDL-cholestérol: Une méta-analyse de Hoang et al. (2017) (12 essais, adultes) montre qu’en moyenne 3 g/j de glucomannane réduisent le LDL-cholestérol d’environ –0,35 mmol/L (–10%) et le cholestérol non-HDL d’environ –0,32 mmol/L (–7%) nutraingredients-usa.com.
Cette étude conclut que ~3 g/j est suffisant pour ces baisses significatives du LDL.
- Cholestérol total : Dans un examen systématique récent (2024) de 14 RCT, la supplémentation en glucomannane a induit une baisse significative du cholestérol total (SMD –3,30, p<0,001) et du LDL (SMD –2,99, p≈0,006) bmccardiovascdisord.biomedcentral.com.
Par exemple, l’étude a trouvé une réduction moyenne du LDL d’environ –0,3 mmol/L (p<0,01) ; le triglycéride, en revanche, n’a pas été modifié de façon fiable (pas de différences statistique) bmccardiovascdisord.biomedcentral.com. Ces résultats confirment un effet lipidique positif du KGM.
- Essais cliniques (enfants): L’essai de Zalewski (2019) chez les enfants a rapporté une baisse modeste du cholestérol total et LDL dans le groupe KGM (3 g/j) comparé au placebo après 12 semaines pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Ainsi, même chez l’enfant obèse, le glucomannane tend à améliorer le profil lipidique.
- Triglycérides : La plupart des études n’ont pas constaté d’effet marqué sur les triglycérides. Par exemple, la méta-analyse 2024 note que les TG restent inchangés (p≈0,79) bmccardiovascdisord.biomedcentral.com.
De façon générale, le bénéfice principal réside sur le LDL-cholestérol (et le cholestérol total), avec effet neutre sur les triglycérides.
✔ Glycémie (diabète et métabolisme glucidique)
- Glycémie à jeun : Mirzababaei et al. (2022) ont analysé 6 essais (124 sujets) et trouvé que le glucomannane réduit légèrement la glycémie à jeun de –0,60 mmol/L (p=0,03) en moyenne pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Cet effet modeste est statistiquement significatif mais cliniquement léger.
- Glycémie postprandiale : Dans la même méta-analyse, la glycémie postprandiale (2h après charge) n’a pas été significativement abaissée (WMD≈–2,07 mmol/L, p=0,18) pubmed.ncbi.nlm.nih.gov.
En revanche, une méta récente chez les diabétiques de type 2 (Zhang 2023) rapporte des diminutions significatives tant sur le glucose à jeun que sur le glucose postprandial, ainsi qu’une baisse de l’insuline à jeunmdpi.com. La contradiction s’explique peut-être par le fait que les études inclues diffèrent (sujets sains vs diabétiques).
- Conclusion : Globalement, l’ajout de glucomannane montre une amélioration légère du contrôle glycémique, surtout sur la glycémie à jeun pubmed.ncbi.nlm.nih.gov.
L’effet sur la glycémie postprandiale est moins net. Ces résultats suggèrent un bénéfice modeste pour la régulation de la glycémie, complémentaire à son effet hypolipidémiant.
✔ Transit intestinal et constipation : Tous les essais signalent une augmentation de la fréquence des selles sous glucomannane.
Par exemple, Chen et al. (2006) ont observé chez des adultes sains (4,5 g/j KGM) une hausse de la défécation quotidienne d’environ +27% (p<0,05) pubmed.ncbi.nlm.nih.gov.
Chez des enfants atteints de lésions cérébrales (constipation chronique), Staiano et al. (2000) ont également noté une augmentation significative de la fréquence des selles avec KGM (p<0,01) pubmed.ncbi.nlm.nih.gov.
- Consistance et confort : Dans l’étude pédiatrique de Staiano, le glucomannane a aussi amélioré la consistance fécale (score clinique) et réduit les épisodes de défécation douloureuse (p<0,01) pubmed.ncbi.nlm.nih.gov.
De même, les patients constipés ont diminué leur usage de laxatifs/suppositoires avec le KGM pubmed.ncbi.nlm.nih.gov.
En résumé, le glucomannane agit comme laxatif doux, rendant les selles plus faciles à évacuer.
Conclusion : Le glucomannane est utile pour soulager la constipation : il augmente notablement la fréquence des selles et améliore leur consistance pubmed.ncbi.nlm.nih.govpubmed.ncbi.nlm.nih.gov.
En pratique, les essais recommandent typiquement 3–6 g/j (divisé aux repas) pour observer ces effets.
✔ Autres effets potentiels (microbiote, santé digestive)
- Effet prébiotique : En tant que fibre fermentescible, le glucomannane favorise la croissance des bactéries bénéfiques. Une étude chez l’adulte a montré que 4,5 g/j de KGM augmentent significativement la concentration fécale de lactobacilles et le nombre total de bactéries bénéfiques (bifidobactéries, lactobacilles) pubmed.ncbi.nlm.nih.gov.
De même, la supplémentation a augmenté la production quotidienne de bifidobactéries et de lactobacilles.
- Acides gras à chaîne courte (AGCC) : Cette fermentation produit des AGCC. Sous KGM, on observe une diminution du pH colique et une hausse des concentrations d’acétate, propionate et butyrate dans les selles pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Par exemple, Chen (2006) rapporte une augmentation marquée des AGCC fécaux (acétate, propionate, i-butyrate) lors de la phase glucomannane pubmed.ncbi.nlm.nih.gov.
- Autres observations : Certains travaux suggèrent par ailleurs un effet indirect sur l’appétit hormonal (via GLP-1), mais les données cliniques sont limitées. Les bienfaits digestifs du konjac semblent surtout liés à son action fibreuse : augmentation du bol fécal et modulation du microbiote intestinal.
Conclusion : Le konjac/glucomannane améliore la santé intestinale au-delà de son effet laxatif. Il enrichit les bactéries intestinales « amies », augmente la production d’AGCC et abaisse le pH colique pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Ces effets contribuent vraisemblablement à ses bénéfices sur le transit et peut-être sur le métabolisme global (cholestérol, glycémie).
Conclusion générale
Les études cliniques montrent que le glucomannane de konjac est efficace en terme de perte d'appétit mais peu actif pour induire une perte de poids (effets neutres sur le poids corporel dans la grande majorité des essais pubmed.ncbi.nlm.nih.gov).
Il possède des effets positifs sur le bilan lipidique (baisse modérée du LDL-cholestérol et du cholestérol total avec ~3–5 g/j) nutraingredients-usa.combmccardiovascdisord.biomedcentral.com, ainsi que sur la glycémie à jeun (légère réduction, e.g. –0,6 mmol/L) pubmed.ncbi.nlm.nih.gov.
Le profil triglycérides reste généralement inchangé. Sur le plan digestif, le glucomannane augmente la fréquence et le volume des selles et soulage la constipationpubmed.ncbi.nlm.nih.govpubmed.ncbi.nlm.nih.gov, tout en favorisant un microbiote riche en bifidobactéries et en lactobacillespubmed.ncbi.nlm.nih.gov.
En synthèse, le konjac (glucomannane) est cliniquement efficace pour améliorer certains paramètres du métabolisme (notamment le cholestérol) et la fonction intestinale, mais il n’est pas un agent amincissant « miracle ».
Ses effets bénéfiques observés dépendent de la posologie (souvent ~3–6 g/j) et du profil des sujets (par ex. obèses vs diabétiques) nutraingredients-usa.compubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Les résultats sont globalement positifs sur la perte d'appétit, le cholestérol LDL et le transit, modestes sur la glycémie, et médiocres sur la perte de poids (neutres) pubmed.ncbi.nlm.nih.govnutraingredients-usa.com. Ces conclusions sont appuyées par les méta-analyses et RCT disponibles.
Sources : Méta-analyses et RCT mentionnés ci-dessus (PubMed/DOI) pubmed.ncbi.nlm.nih.govpubmed.ncbi.nlm.nih.govpubmed.ncbi.nlm.nih.govpubmed.ncbi.nlm.nih.govnutraingredients-usa.combmccardiovascdisord.biomedcentral.compubmed.ncbi.nlm.nih.govmdpi.compubmed.ncbi.nlm.nih.govpubmed.ncbi.nlm.nih.govpubmed.ncbi.nlm.nih.gov